On ne sait pas exactement d’où vient la capoeira. En effet, après l’abolition de l’esclavage, toutes les traces écrites ont été brûlées.
Au XVIeme siècle, les colons portugais exploitent les richesses côtières de l’Amérique du Sud sur une Terre nommée « Terra de nova Cruz » (puis « Terre de Santa Cruz », et enfin « Brazil » du nom d’un bois qui servait à colorer les textiles en rouge).
Ils utilisent des esclaves rapportés d’Afrique après avoir décimé une partie de la population locale. Les esclaves sont victimes de toutes les persécutions que l’on connaît. Il n’était bien sûr pas question pour eux d’apprendre à se défendre. C’est ainsi qu’a été élaboré les bases de ce qui sera la Capoeira : un apprentissage du combat sous couvert d’une danse rituelle et musicale, leur permettant ainsi de conserver certaines valeurs culturelles et morales.
La Capoeira est donc le résultat d’un habile mélange des cultures africaines et brésiliennes, et ceux réunis de force sur cette nouvelle terre d’accueil. On y retrouve quelque peu les traces des différents rituels des tribus d’Afrique.
Certains esclaves ce sont rebellés et se sont rassemblés dans des cachettes presque institutionnelles appelées « Quilombos ». Ces lieux étaient devenus quasiment autonomes, et vivaient de troc avec les villages voisins. Mais ils étaient aussi la cible d’assauts de l’armée visant à anéantir les « fugitifs ». Le plus célèbre de ces lieux est le «Quilombo dos Palmares» (réunissant près de 30.000 fugitifs) situé vers les terres d’Alagoas. Les leaders sont le Roi Ganza Zumba et le Général Zumbi, qui ont beaucoup contribués à faire la popularité de la Capoeira. La résistance du clan de Zumbi finit par être écrasée comme les autres, par le Capitaine Domingo George Velho, et son chef tué en 1678. Dès lors, la répression est de rigueur à l’encontre de la Capoeira.
L’appellation « capoeiragem » apparaît vers 1780 pour décrire les « exercices de lutte et de dextérité corporelle ». Elle était pratiquée alors par des gens de couleur et même par la police de Rio. Les plus grands tueurs de l’armée étaient eux même d’anciens capoeiristes.
La Capoeira devient par la suite l’art martial de prédilection de toutes les bandes (ou maltas) qui s’affrontent, intégrant bien souvent les armes blanches dans la lutte (majoritairement des lames de rasoir usées). Ces bandes furent souvent utilisées par des seigneurs comme mercenaires pour contraindre des débiteurs, ou encore comme gardes du corps. Certaines furent même politiquement impliquées.
On enverra d’ailleurs de force de nombreux capoeiristes mourir dans la guerre qui opposa le Brésil au Paraguay (1865-1870) sous le règne de l’Empereur Pierre II.
1888 est l’année de l’abolition de l’esclavage par la Princesse Isabel du Portugal et la loi «Aurea» (13 mai). Le Brésil se proclame ensuite République en 1890. Mais la répression envers les pratiquants de la Capoeira n’en est pas moins forte (une loi de 1887 interdit la Capoeira) car les politiques déclarent que celle-ci rabaisse le niveau culturel du Brésil.
C’est alors que toutes les pratiques et traditions à connotations africaines sont combattues, particulièrement par le Maréchal Deodoro Da Fonseca. Et ce sont donc des centaines de personnes qui sont envoyées au bagne.
C’est vers cette époque que les instruments musicaux sont utilisés à des fins beaucoup plus techniques. En effet, certain rythme tel que « Cavelaria » permettaient, lorsque les patrouilles de police arrivaient, de prévenir les capoeiristes du danger imminent.
Une certaine élite culturelle dont fait partie le Président Getulio Vargas, pense cependant que la capoeira, art de lutte unique en son genre, représente une certaine identité culturelle du Brésil face au reste du monde et réclame donc sa reconnaissance en tant que telle. Mais il faudra attendre encore quelques années pour que la Capoeira, crainte et repoussée par la bourgeoisie brésilienne, soit admise, à la condition cependant, d’être pratiquée dans des lieux fermés.
C’est en 1932 que Mestre Bimba crée son académie de Capoeira à Salvador, la capitale de l’Etat de Bahia, où la Capoeira a bien sûr résisté à l’oppression. Il l'a fait connaître avec un nouveau style de jeux, de nouveaux mouvements. Il s’agit d’une Capoeira plus aérienne qui emprunte quelques techniques d’autres arts martiaux asiatiques ou occidentaux : la Capoeira Régionale. La Capoeira de style traditionnelle garde ses adeptes dans son rang où l’on trouve Mestre Pastinha qui ouvre lui aussi son académie en 1941.
La Capoeira trouve vraiment son essor dans les années cinquante et soixante. Les premiers championnats ont lieu dans les années soixante-dix. La Capoeira Régionale comme la Capoeira Angola vont s’étendre sur tout le Brésil et vont s’exporter aux Etats-Unis d’abord, puis en Europe. Elles caractérisent aujourd’hui, avec le foot et la samba, le Brésil d’un point de vue culturel et sportif.
De nos jours, la Capoeira qu’elle soit Angola ou Régionale, est pratiquée dans de nombreux pays. Elle est enseignée aussi bien dans les écoles de danse et de théâtre que dans les universités et les écoles militaires.
Elle est encore en plein développement...